Grains de sable à l'infini
SAINT-EXUPERY, extrait Citadelle
"Et mon désert, si seulement je t'en montre les régles du jeu, se fait pour toi d'un tel pouvoir et d'une telle prise que je puis te choisir, banal, égoïste, morne et septique dans les faubourgs de ma ville ou le croupissement de mon oasis, et l'imposer une seule traversée de désert, pour faire éclater en toi l'homme, comme une graine hors de sa cosse, et t'épanouir d'esprit et de coeur. Et tu me reviendras ayant muré et magnifique, et bâti pour vivre des forts. Et si je me suis borné à te faire participer de son langage -car l'essentiel n'est point des choses mais du sens des choses- le désert t'aura fait germer et croître comme un soleil."
EDMOND JABES
"L'expérience du désert a été pour moi dominante. Entre ciel et terre, entre le Tout et le Rien, la question est brûlante.
Elle brûle et ne se consumme pas.
Elle brûle pour elle-même, dans le vide.
Le désert, c'est aussi l'écoute.
L'extrême écoute."
THEODORE MONOD
"Dans le désert on vit on rythme du cosmos. On ne triche pas, on obéit. Le puits est ici et non pas là, et le suivant à 650 km plus loin pas un de moins. C'est à prendre ou à laisser, mon jeune ami. Si cela ne vous plaît, n'y allez pas, restez chez vous à regarder la télé. Mais si vous entrez au désert, jouez le jeu. C'est la patience, l'humilité, la soumission au réel. Bénéfiques exercices pour un orgueilleux primate trop tenté de se prendre pour le roi de la création."
JACQUES ROUSSE extrait La Mission poètique des contemplatifs
"Un certain désert est aussi nécessaire que l'eau est vitales au poisson. Car pour ceux dont la vie est d'aller à la rencontre du Tout Autre, le désert est le bien de "l'accomplissement des promesses divines". Le désert exprime une exigence de solitude et de silence où passe le témoignage rendu à l'absolu de l'unique nécessaire.
Il y a là une gratuité qui rejoint celle du vase au col brisé dont le parfum se répand sur les pieds de Jésus. Le désert est gratuit, il n'est pas absurde. Seul l'amouur peut le comprendre. Lui seul peut t'admirer pleinement parce que lui seul opère l'échange merveilleux en quoi le dénuement du désert, loin d'être néantissant, devient ouverture, l'anéantissement accueil, la pauvreté transparence aux symboles primordiaux : l'eau, le feu, la terre, le ciel, la lumière et cette gentiane perdue dans un creux de montagne.
Alors, à l'ombre du silence et dans l'"accoissement"du coeur, surgit, dense et drue et lumineuse, la Parole qui dit l'émerveillement de l'homme prolongeant celui de Dieu devant sa création.
Photos prises au Maroc voyage 2007