Nicolatta Tomas Caravia
La mort des amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères
Des divans profonds comme des tombeaux
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envie leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux
Un soir fait de rose et de bleu mystique.
Nous échangerons un éclair unique
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidéle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal